Spiritualité

 "Comment savoir que je fais la volonté de Dieu ?"

C
ette question reviens sans doute dans l’esprit de beaucoup d’entre nous chaque jour et j’avoue qu’il est assez difficile d’y avoir une réponse toute faite. Mais pour aider les fidèles à y revenir, je ne pourrai que prendre pour seul et véritable point de repère Notre Seigneur Jésus Christ qui nous parle dans l’Evangile.

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a troisième demande de la prière du Notre Père
« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel ! ». C’est la troisième demande que le Seigneur nous invite à dire à Dieu Notre Père. La routine avec laquelle nous disons cette prière très souvent nous fait rester superficiels et hâtifs. Or, en méditant en profondeur cette troisième demande, nous nous rendons compte que le Seigneur Jésus, à travers ces paroles, nous invite à poser un triple acte de reconnaissance de la supériorité d’amour de la volonté du Père sur la nôtre, d’abandon de notre propre volonté pour épouser celle du Père et enfin d’acceptation de l’accomplissement de ladite volonté sur nous, c’est-à-dire sur tous les aspects de notre vie.

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i dans la vie concrète il est assez difficile de savoir que je fais la volonté du Père, le meilleur moyen d’en prendre conscience est donc l’entrée en prière ; et c’est ce que le Seigneur a voulu nous faire comprendre en nous laissant la belle et grande prière du Notre Père. Bien des saints nous aident aussi à le comprendre. Par exemple, Saint François de Sales qui, dans sa méditation sur la troisième demande du Notre Père, en se servant d’une image très concrète de la greffe sur les plantes, prie en ces termes : « Lorsqu'à un arbre on coupe une branche et qu'on y greffe une autre meilleure, bien meilleurs aussi sont ses fruits; enlevez de cet arbre, ô Père, la petite branche de la volonté propre et greffez-y celle de votre volonté sainte; alors je suis sûr qu'il portera de très beaux fruits. Tous mes défauts et péchés procèdent de cette volonté mauvaise. Donc, Seigneur, qu'attendez-vous? Coupez seulement ce qui est mien et greffez ce qui est vôtre. » (Fr.de Sales: Notre Père - Sur ces paroles: Que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel - Troisième demande)

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a prière, une voie sûre et explorable
"Passe derrière moi, Satan! tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes!" (Mt 16, 23). Notre Seigneur, en reprenant si sévèrement l’Apôtre Pierre après l’avoir pourtant honoré quelque temps auparavant suite à sa profession de foi près de Césarée de Philippe (Mt 16, 13-20 ; Mc 8, 27-30 ; Lc 9, 18-21 ; Jn 6, 67-71), nous fait comprendre que notre volonté n’est pas celle de Dieu, nos idées, nos pensées, nos plans et nos désirs ne sont pas non plus ceux de Dieu. D’où la nécessité d’entretenir une autocritique continue et un examen de conscience régulier, faits avec humilité dans la prière pour arriver à comprendre où est et quelle est la volonté de Dieu dans ce que nous vivons.
L’article de Sœur Emmanuelle sur la prière paru au mois de janvier 2013 nous aide à bien comprendre ce qui précède, dans le passage au deuxième degré de la prière qui se vit déjà dans une véritable relation établie et entretenue avec Dieu. Comme elle l’a si bien écrit, c’est le niveau où l’on arrive à se poser des questions, imaginant ce que Dieu pourrait penser de telle ou telle chose, et qui soit carrément différent de ce que je pense.

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’abandon dans les mains de Dieu
« Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse ! » (Lc 22, 42) La prise de conscience que la volonté de Dieu est en train de se réaliser dans ma vie s’opère très souvent dans le cours des événements ; parfois en voyant se dérouler une situation pour laquelle on arrive à épuisement des tous les moyens dont on dispose ; ou après avoir prié pour un résultat bien précis qui n’arrive pas. Ce n’est toutefois pas le cas pour Notre Seigneur, qui savait qu’il est venu pour faire la volonté de son Père et que l’heure de la glorification par la croix était bel et bien arrivée. Mais, terrassé par la frayeur, il se met en prière pour supplier le Père de l’épargner de cette épreuve, tout en s’abandonnant totalement à sa volonté. L’une des difficultés que nous rencontrons par rapport à l’abandon, c’est justement la peur de l’inconnu, mieux la peur de ce que nous ne pouvons pas contrôler. Or, la volonté de Dieu est au-dessus de notre contrôle.

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a Parole de Dieu et la Direction spirituelle
Pour savoir que je fais la volonté de Dieu, il faut déjà arriver à comprendre les modes d’agir de Dieu ; ce qui s’opère dans les moyens que nous donne l’Eglise, c’est-à-dire dans l’écoute assidue de la Parole de Dieu et la Direction spirituelle. L’Esprit du Christ nous illumine chaque fois que nous entrons dignement en contact avec la Parole ; de même qu’il nous illumine à travers ses serviteurs. Saisissons et surexploitons ces moyens et nous comprendrons mieux si nous agissons ou pas selon la volonté de Dieu.
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Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie »

Comme chaque année, cette année aussi, le 02 novembre pour la grande famille chrétienne catholique est un jour dédié à la mémoire et à la prière pour nos défunts. C’est la grande occasion pour de nombreuses familles de déposer une gerbe de fleur sur la tombe de leur « cher/chère… », de dire une prière et d’inscrire des messes. La grande générosité chrétienne recommande à cette occasion de penser aux âmes du purgatoire – parents ou non – en faisant dire des messes pour elles, sachant qu’elles font partie de la grande Eglise du Christ et ont largement besoin de nos suffrages pour entrer dans la Vie comme dit sainte Thérèse de Lisieux.

Cette réflexion est bâtie sur la vision de la vie et de la mort chez Thérèse de Lisieux, que le Pape Jean-Paul II a déclarée Docteur de l’Eglise le 19 octobre 1997. La vision dont il est question ici est loin d’être une spéculation à caractère philosophique ou théologique, mais le fruit de sa foi, de sa vie quotidienne et de son ardent désir de devenir sainte. Cet enseignement prendra le nom de la « petite voie » ou « voie de l’enfance spirituelle ».

Voici en effet comment le Père Conrad de Meester – auteur de plusieurs livres sur Thérèse de Lisieux – résume les bienfaits de l’enseignement de la sainte, morte à 24 ans : « Les pensées de Thérèse sont devenues un bien commun. Elles ont été intégrées à la spiritualité de notre temps, elles ont contribué à la modeler, au point même que l’on ne sait plus tout ce qu’on lui doit. Plus puissamment peut-être que d’autres, parce qu’elle a tout dit avec simplicité, d’une façon si limpide que tout le monde l’a comprise, Thérèse nous a aidés à nous rapprocher de l’Ecriture ; elle nous a guéris du jansénisme en faisant à nouveau pleinement droit au Dieu d’amour ; elle a approfondi notre conscience d’être d’Eglise et a montré comment tous les hommes avec leurs moyens propres et dans leur cadre habituel pouvaient être de parfaits chrétiens. » (C. De Meester, Les mains vides. Le message de Thérèse de Lisieux, Ed. Cerf, 1972, p. 10).
Il est presque impossible de comprendre ce que Thérèse pense de la mort et comment elle l’embrasse sans évoquer brièvement les grands piliers de sa vie humaine et spirituelle. En effet, tous les hommes avec leurs propres moyens, dans les petites choses, les petits faits de leur vie quotidienne, peuvent voir Dieu ; c’est-à-dire devenir des saints. C’est en cela que consiste la grande nouveauté et le grand défi de la « voie de l’enfance spirituelle » proposée par Thérèse. Ses moyens à elle sont en fait : le Carmel, désert idoine à la rencontre cœur à cœur avec Jésus, dans l’austérité, la prière, le silence, et en compagnie de ses sœurs pour lesquelles elles accomplit avec amour et dévotion de petits actes héroïques dans la vie quotidienne. Puis l’Amour, que Thérèse choisit d’embrasser dans sa totalité compte tenu de son incapacité d’aimer et la conscience qu’elle a de la volonté de Jésus "d’aimer en elle tous ceux qu’il lui commande d’aimer". Elle y découvre sa vocation : « O Jésus mon Amour... ma vocation enfin je l'ai trouvée, ma vocation, c'est l'Amour!... Oui j'ai trouvé ma place dans l'Église et cette place, ô mon Dieu, c'est vous qui me l'avez donnée... dans le Cœur de l'Église, ma Mère, je serai l'Amour... ainsi je serai tout... ainsi mon rêve sera réalisé !!!... ».

Le rêve de Thérèse depuis l’enfance c’est de devenir sainte. Elle apprendra à le devenir dans la vie quotidienne, en affrontant la souffrance dans la maladie qui l’emportera vers la « Vie » le 30 septembre 1897. L’abandon à Dieu dans l’espérance est un autre pilier de la spiritualité thérésienne, fondé quant à lui sur la confiance totale en Jésus. Il est en effet impossible pour le chrétien d’aujourd’hui de penser à la mort non comme la fin de tout, mais comme l’ouverture vers la « Vie » s’il ne s’abandonne pas totalement dans les mains du Seigneur comme un petit enfant. Thérèse l’a accompli en sortant d’elle-même pour s’abandonner à Jésus. La « petite voie » ici devient en effet la voie de l’abandon en Jésus. Thérèse, comme Job, le traduit d’ailleurs en ces termes en pensant au soir de sa vie : « Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides ». Elle dit encore : « Lorsque je paraîtrai devant mon Epoux Bien-Aimé, je n’aurai que mes désirs à lui présenter ».

Je ne saurais chlore cette réflexion sans évoquer l’Amour miséricordieux de notre Dieu qui accroît en Thérèse la conscience de sa petitesse et de sa pauvreté qu’il convient d’accepter : « De son côté, l’homme doit accepter à fond sa pauvreté, ce qui implique une profonde humilité. Pour appartenir au nombre des invités, il doit se reconnaître comme "un tout petit" » (C. De Meester, œuvre citée, p. 82). Le secret de Thérèse, c’est qu’elle a fait la découverte de la miséricorde de Dieu « comme centre à partir duquel l’homme qui se confie en elle devient saint » (C. De Meester, Ibid., p. 84). Elle le communique au chrétien d’aujourd’hui pour l’aider à modifier l’idée de la mort physique comme fin de tout et à y voir l’ouverture à la rencontre avec Dieu, Père Miséricordieux dont l’immense Amour pour tout homme n’attend qu’un simple repentir de ses fautes. Tout dans la vie de Thérèse est devenu « langage d’amour » : sa naissance, sa vie, ses souffrances et sa mort. Apprenons nous aussi à faire de notre vie, de nos petites morts quotidiennes et de notre entrée prochaine dans la « Vie » un langage d’amour pour nos frères et sœurs les hommes.

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