Quand des intellectuels africains préparaient le Concile Vatican II
C'était
en 1962 à Paris, où un groupe d'intellectuels réunis dans "La Société Africaine de Culture",
s'était donné comme objectif la préparation d'une publication intitulée Vœux
africains pour le 2e Concile de Rome. La
réalisation de ce noble objectif exigeait la participation d'éminents
intellectuels laïcs et clercs de diverses nations africaines. Le futur volume
visait avant tout la mise en relief de l'universalité du futur Concile, de
manière à ce que les Catholiques africains puissent s'y reconnaître.
D'importantes rencontres internationales ont ainsi pris de mire le Concile,
notamment :
Le VIIe Congrès
des étudiants catholiques africains, organisé à Fribourg en Suisse du
13 au 17 avril 1962. Même si le Concile Vatican II n'en constituait pas
l'objet principal, il figurait cependant parmi les motions du communiqué final.
En effet, les signataires y exprimaient leur joie et fierté du fait que pour la
première fois, des évêques de race et culture négro-africaine allaient
participer à un Concile ; du fait qu'ils reconnaissaient l'effort fourni par
l'Eglise pour montrer que le christianisme ne s'identifie à aucune culture en
particulier. Les congressistes prenaient ainsi acte de la bonne volonté de
l'Eglise de traduire sa catholicité par des faits, spécialement à
travers l'institution d'une hiérarchie locale. Ils se déclaraient conscients du
caractère historique de cette période pour l'Eglise d'Afrique noire et de la
nécessité de montrer, à travers les institutions, les manières de s'exprimer,
la liturgie, l'organisation de la hiérarchie et du laïcat, que l'Eglise n'y est
pas une étrangère...
En mai 1962, un forum
international a réuni laïcs et prêtres africains à Rome pour réfléchir sur
les attentes africaines face au Concile. Concrètement,
les participants ont passé en revue les contributions que le patrimoine
spirituel et culturel africain peut apporter à la pensée théologique et à la
liturgie de l'Eglise universelle. Ils ont également abordé les problèmes de
l’œcuménisme, du laïcat, sans oublier les problèmes sociaux. L'Alors Secrétaire
Général de la Société Africaine de Culture, le
Sénégalais Alioune
DIOP - écrivain et éditeur, fondateur de la revue
culturelle Présence africaine à Paris - synthétisait l'espoir
et les attentes des intellectuels et hommes de cultures africains en ces termes
:
"J'ai
l'impression que les hommes de culture africains, catholiques, protestants,
musulmans ou animistes, s'adressent à l'Eglise avec le sens d'une profonde
attente et d'une grande espérance. Les problèmes cruciaux de l'Afrique
d'aujourd'hui ne sont pas que politiques et économiques, mais surtout moraux et
spirituels. Les peuples de couleur et les Africains en particulier se plaignent
du fait que leur dignité n'a jamais été reconnue ; seule l'Eglise peut répondre
à ce désir. Mais l'Afrique a elle aussi quelque chose à donner à l'Eglise.
L'Afrique apportera au monde son sens de la vie communautaire, un esprit de
tolérance face aux différentes communautés, une intuition profonde mal exprimée
mais intimement perçue de l'unité spirituelle du monde. Au fur et à mesure que
l'on avancera, on s'apercevra que plusieurs vertus dont l'Europe s'est éloignée
se retrouveront en Afrique au niveau de la pensée, de la vie morale et de
l'art."
Sources : Giovanni
CAPRILE, Cronache del Concilio Vaticano II:
L'ANNUNZIO E LA PREPARAZIONE 1959/1962, Vol. I - Parte I (periodo 1959-1960), p. 588-589.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire