En 5 ans de Pontificat, le Pape Benoît XVI a dédié de nombreuses interventions publiques aux thèmes de la sexualité et de la famille. Pour aider le lecteur chrétien de l’Etoile Notre Dame à se faire une idée sommaire sur les éléments clés de la vision anthropologique, théologique et pastorale qu’a le Pape sur la famille pour les sociétés actuelles et l’Eglise, nous avons choisi de faire une relecture en plusieurs articles de certaines de ces interventions.
Aujourd’hui, nous commençons par celles effectuées lors de la visite apostolique à la 5ème Assemblée mondiale de la Famille à Valence en juillet 2006, dont le thème était : «La transmission de la foi dans la famille». L’intention est de porter notre lecteur et nos communautés chrétiennes à être informés sur l’enseignement du Saint-Père surtout dans les thèmes touchant la foi, la famille et la nouvelle évangélisation.
Aujourd’hui, nous commençons par celles effectuées lors de la visite apostolique à la 5ème Assemblée mondiale de la Famille à Valence en juillet 2006, dont le thème était : «La transmission de la foi dans la famille». L’intention est de porter notre lecteur et nos communautés chrétiennes à être informés sur l’enseignement du Saint-Père surtout dans les thèmes touchant la foi, la famille et la nouvelle évangélisation.
En valeureux héritier de Jean-Paul II, Benoît XVI, en matière de l’enseignement sur la famille et le mariage, s’inscrit logiquement dans la continuité du Magistère de son illustre prédécesseur, pour qui il n’existe par de famille sans la vérité de l’amour conjugal. A la suite de toute la Tradition catholique, les trois dimensions de l’enseignement de Benoît XVI à Valence en 2006 que nous entendons développer dans cet article se résument dans la phrase suivante tirée de l’homélie de clôture de l’événement : « La famille, fondée sur le mariage indissoluble entre un homme et une femme, exprime cette dimension relationnelle, filiale et communautaire, et elle constitue le milieu dans lequel l’homme peut naître dans la dignité, grandir et se développer de manière intégrale.
La première dimension est d’ordre anthropologique. En effet, les fondements anthropologiques de la famille selon Benoît XVI s’étalent sur trois principales articulations :
La première regarde la valeur extraordinaire du mariage, « institution naturelle » et « patrimoine de l’humanité » (2ème catéchèse préparatoire à la 5e assemblée mondiale de la Famille à Valence – 5 juin 2006). Le Pape part du fait que la famille comme entité sociale de base n’est pas un fait de hasard ; puis il étend la réflexion sur un certain nombre d’aspects :
D’une part, les questions que l’homme se pose sur lui-même et sur Dieu : « Qui suis-je ? Qu’est-ce que l’homme » ; « Dieu existe-t-il ? Et qui est Dieu ? Quel est son visage véritable ». La réponse à ces questions est livrée par la révélation biblique : de la nature du Dieu Amour, est déduite la nature même de l’homme, « fait à son image et à sa ressemblance ». Le Pape poursuit en disant que « la vocation à l'amour est ce qui fait de l'homme l'authentique image de Dieu: il devient semblable à Dieu dans la mesure où il devient quelqu'un qui aime »
Du lien fondamental entre Dieu et l’homme, le Pape arrive à une certitude : l’union indissoluble entre le corps et l’esprit chez l’homme. En d’autres termes, l’homme fait à l’image et à la ressemblance de Dieu n’est pas que corps, que matière ; il est « une âme qui s’exprime dans un corps et un corps vivifié par un esprit immortel ». Ce qui fait dire au Pape que le corps de l’homme et de la femme n’a pas que des caractéristiques biologiques, mais a aussi un caractère théologique. La conséquence de cette analyse sur la sexualité humaine est forte et même déterminante pour le regard chrétien sur la morale sexuelle, à savoir, une distinction nette d’avec une sexualité purement instinctive et sensuelle. En clair, la sexualité de l’homme et de la femme « n’est pas séparée de notre nature de personne, mais lui appartient » et ce n’est que vue sous cet angle qu’elle acquiert un sens pour le reste de la vie.
Du lien de l’homme avec Dieu et dans l’être humain et de celui du corps avec l’esprit, en découle un troisième : « celui entre personne et institution ». Par institution ici, le Pape entend, le « oui » de l’homme, synonyme de « toujours » et symbole de la fidélité dans le temps entre un homme et une femme. Si elle fondamentale à tout mariage, la liberté du « oui » doit cependant assumer un caractère définit dans un don total à l’autre ; « dans lequel la liberté, en se donnant, se retrouve pleinement elle-même ».
Cette vision anthropologique chrétienne de la famille vise bien évidemment à instruire les chrétiens face à ce que Benoît XVI appelle « les formes actuelles de dissolution du mariage » (les unions libres, le "mariage à l'essai", le pseudo-mariage entre personnes du même sexe) et qui, sous le couvert de la liberté individuelle, sont plutôt « l’expression d'une liberté anarchique, qui se fait passer à tort pour une libération de l'homme ».
La seconde articulation de la vision anthropologique de la famille à laquelle Benoît XVI tient absolument est le fait que la famille construite sur l’union indissoluble entre l’homme et la femme constitue le socle, le fondement de toute société humaine ; où naît et grandit l’enfant, nourrit par l’amour de ses parents. Et, vue sous cette perspective, les politiques doivent tout mettre en œuvre pour la protéger. Ceci regarde non seulement l’élaboration de lois visant à garantir les droits des familles ; mais aussi, dans le contexte actuel de crise économique internationale, la nécessité de mettre sur pieds des politiques économiques visant à apporter un soutien inconditionnel aux familles vivant dans la précarité.
La troisième articulation qui touche l’accueil et l’éducation des enfants dans leurs familles de naissance ou d’adoption, est la notion de patrimoine d’expériences. Le Pape pense que les enfants intègrent un cadre homogène, détenteur d’un héritage, d’une tradition. « Lorsqu’un enfant naît –dit-il – à travers la relation avec ses parents, il commence à faire partie d’une tradition familiale, dont les racines sont encore plus anciennes. Avec le don de la vie, il reçoit tout un patrimoine d’expériences. À cet égard, les parents ont le droit et le devoir inaliénables de le transmettre à leurs enfants : les éduquer dans la découverte de leur identité, les initier à la vie sociale, à l’exercice responsable de leur liberté morale et de leur capacité d’aimer à travers l’expérience d’être aimés, et, par-dessus tout, à la rencontre avec Dieu. Les enfants grandissent et mûrissent humainement dans la mesure où ils accueillent avec confiance ce patrimoine et l’éducation qu’ils doivent assumer progressivement. De cette manière, ils sont capables d’élaborer une synthèse personnelle entre ce qu’ils ont reçu et la nouveauté, et ce que chacun personnellement et ce que chaque génération sont appelés à réaliser. » (cf. Homélie du 9 juillet 2006 à Valence, Espagne).
La dimension théologique et pastorale de l’enseignement de Benoît XVI sur la famille tire ses racines d’une analyse théologique de la paternité et de la maternité en Dieu et se développe fondamentalement autour de l’accueil de la vie et de l’éducation chrétienne des enfants. Pour le Pape en effet, à la base de la paternité et de la maternité humaines, il y a Dieu : « À l’origine de tout homme et, en même temps, de toute paternité et de toute maternité humaines, Dieu créateur est présent. C’est pourquoi les époux doivent accueillir l’enfant qui naît d’eux comme un fils non seulement d’eux, mais aussi de Dieu, qui l’aime pour lui-même et qui l’appelle à la filiation divine. Plus encore, toutes les générations, toute paternité et toute maternité, toute famille, trouvent leur origine en Dieu, qui est Père, Fils et Esprit Saint ». Il s’agit de comprendre en filigrane le caractère sacré de la vie qui n’appartient qu’à Dieu et dont l’homme et la femme ne sont que des gardiens. Les implications d’une conception anthropologique erronée du corps, de la sexualité et de la vie même sont lourdes de conséquences dans le monde d’aujourd’hui. Raison pour laquelle le Pape reprécise le fait qu’ « à l’origine de tout être humain, il n’existe pas d’aléa ni de hasard, mais un projet de l’amour de Dieu ».
Sur le plan pastoral, les dévastations de la sécularisation des sociétés modernes parmi les jeunes et les familles chrétiennes poussent Benoît XVI à mettre un accent particulier sur la nécessité de donner un nouvel élan à la famille « sanctuaire de l’amour, de la vie et de la foi » (discours à l’épiscopat espagnol, 8 juillet 2006). Pour le Pape comme pour la tradition de l’Eglise héritée de Jean-Paul II, la transmission de la foi aux enfants est fondamentale pour l’avenir de l’Eglise. Et dans ce domaine, la responsabilité des parents chrétiens, plus que nécessaire, est essentielle : « les parents chrétiens sont cependant appelés à donner un témoignage crédible de leur foi et de leur espérance chrétiennes. (…) Ils doivent faire en sorte que l’appel de Dieu et la Bonne Nouvelle du Christ parviennent à leurs enfants avec la plus grande clarté et la plus grande authenticité ».
Ils doivent le faire « avec sagesse et douceur » et adopter comme modalité pratique de tutorat en vue de la transmission de la foi, un certain nombre d’actions précises : enseigner aux enfants à prier et prier avec eux (Jean-Paul II, Familiaris Consortio, n°60) ; les aider à s’approcher des sacrements ; les introduire à la vie de l’Eglise ; se réunir tous pour lire la Bible, en « plaçant la vie familiale à la lumière de la foi et louant Dieu comme un Père » (cf. Homélie à la messe de clôture de la 5ème assemblée mondiale de la Famille en Espagne, 9 juillet 2006).
La famille comme Eglise domestique a donc un rôle déterminant à jouer dans la transmission de la foi aux enfants. Or la paresse dans la vie de foi de beaucoup de parents, la disparition de la prière familiale, la non fréquentation de l’Eglise ne traduisent que fort bien leur démission à remplir leur part de responsabilité à la mission de l’Eglise. Raison pour laquelle le Pape estime que la promotion du véritable bien de la famille dans la société actuelle passe par une conjugaison plurielle de forces et d’initiatives entre les familles chrétiennes elles-mêmes, les associations familiales ecclésiales et les personnes de bonne volonté. Il encourage par ailleurs les parents à demeurer ouverts à l’Esprit Saint en demandant son aide et à collaborer avec Lui « pour le rendre présent et l’incarner dans toutes les dimensions de leur existence ».
Aux évêques enfin, le Saint-Père demande de « poursuivre une pastorale familiale soutenue et forte » dans leurs diocèses, « qui fasse entrer dans chaque foyer le message évangélique, qui fortifie et qui donne de nouvelles dimensions à l’amour, aidant ainsi à dépasser les difficultés qui peuvent se faire jour en chemin. »
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